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1 février 2009 7 01 /02 /février /2009 16:45

13 - 16/10/2007 - Mots imposés (Darkia)

Pour cet exercice proposé par darkia, le principe est d'utiliser un minimum de 10 mots (idéalement tous) parmi les 15 suivants, pour rédiger un texte.

Atypique, dommage, mort, pieu, sang, simple, mains, sentiments, recherche, attente, liqueur, corsage, assaillir, clan et pathétique.

 

 

Je me suis inscrite dans un forum de psychologie. Comme pour appartenir à un clan, c’est pathétique. Bien sûr, c’est une démarche atypique, enfin c’est ce que tout le monde dit. Mais tout le monde chate, tout le monde joue au voyeur, tout le monde crie au secours. Pour ne  pas sombrer, où se laisser assaillir par des idées noires, ou envisager la mort. Il serait dommage d’en arriver à cette extrémité alors qu’une main tendue peut répondre à nos attentes. Evitons de nous planter des pieux dans l’âme, comme une envie de sang, pour nous complaire dans le malheur. Quand je pense que certains s’embourbent dans leurs problèmes, s’en régalent comme d’une liqueur. Mais comprendre ses sentiments, aller à la recherche d’un mieux-être est une démarche qui  paraît simple. Peut-être trop, qui sait ! Il y en a qui considèrent que dévoiler ses difficultés, malgré l’emploi d’un pseudo, c’est un peu laisser des mains avides se glisser dans leur corsage.  Ils ont généralement tort et brident leur cœur. Mais, mais, ce n’est que mon avis, après tout.

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29 janvier 2009 4 29 /01 /janvier /2009 21:03

Exercice sur image. Dame AGA



Un trait de génie ce trait dans le ciel. A moins qu’il ne s’agisse d’un bug sur l’écran de mon ordinateur. J’ai  acheté un spray, génial il paraît. J’ai beau frotter,  quelle hargne, c’est là, ça s’incruste, ça ne veut pas s’effacer Ca me tracasse tant que je me ronge les ongles. Si je m’obstine un peu, je revois ce trait, ce sillon, cette éraflure, dans la kératine de l’ongle, incarnée. On m’a dit que cela signifiait carence en calcium, en magnésium. Foutaises ! La seule carence dont je souffre est une carence  en amour. Tiens, d’ailleurs c’est le trait dans mon âme, la boursouflure, enkystée. Qui m’empêche de dormir, de sortir, de bondir, émerveillée. C’est toi qui t’es enfui, un trait dans ma vie, bien tiré.

Et c’est peut-être aussi un trait de caractère, l’envie de m’envoler, le refus de sombrer. De surprendre dans le miroir un visage détendu, des traits reposés, les miens reliftés. Des amis alentour, des soirées arrosées. Un regard, une invite, une histoire commencée. Un carnet, une adresse d’un trait de crayon, gravée. Un possible, un ailleurs. La découverte de l’autre exerce un tel attrait qu’il serait criminel de s’y refuser. Et viennent les attentes, les espoirs, les manques, tous ces états du cœur qui signifient l’amour de nouveau rencontré. Tout ce qui y a trait. Si j’abandonnais, si je me lâchais, si je suivais la vague, me laissais emporter. Alors je fixerais l’horizon, là-bas au loin, où ciel et terre semble s’enlacer. Vous ne voyez pas, le trait ?    

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26 janvier 2009 1 26 /01 /janvier /2009 21:51





44 - Mon Pays...

Sur une idée de Chemin de Plume soutenue par Mariev voici le sujet de l'exercice N° 44 :


Il s'agit de commencer un texte par "Mon pays".
Votre pays pouvant être un pays où vous habitez mais aussi votre "pays intérieur".
Alors laissez courir votre imagination et emportez nous dans vos "bagages.

 

 

Mon pays est dans ma tête. Car comment expliquer ce besoin de Paris, de sa foule bigarrée et gouailleuse, de ces petits restaurants de quartiers, bruyants et tapageurs, de ses musées, théâtres et expositions. Et puis ce ras le bol quand les beaux jours reviennent, cet étouffement qui me pousse à repartir vers l’enfance, vers ailleurs.

Casablanca, la ville où j’ai grandi dans les embruns, le ressac et la mer. L’école française et tous ces copains aujourd’hui retrouvés avec émotion grâce à internet. La cour où l’on jouait avec des noyaux d’abricot. Tous les enfants du Maghreb savent de quoi je parle. Le soleil toute l’année, le froid, l’hiver si peu. Les journées pédagogiques à Ifrane, Volubilis ou Immouzer plutôt qu’à Caen ou Strasbourg. Les congés pour L’Aïd ou le Moussem ainsi qu’à Pâques et Noël. Les yeux  brillants chaque fois que l’on évoque un jouet, une robe, un bijou, venus de France comme s’il s’agissait d’un miracle. La place Mohammed V que je parcourais enfant, à perdre haleine, le souk de la Place de France aujourd’hui place des Nations unies. Et tous ces ports invitant au voyage, à la fuite, Casa, Rabat, Mohammedia, ces plages, ces rochers couverts de moules et d’algues. Et moi debout, guettant un évènement improbable, les yeux rivés au ciel et aux étoiles. Je n’ai pas d’événement extraordinaire à raconter comme le débarquement des américains dans le port de Casa en 44, ainsi que me l’a rapporté un ami de mon père, avec les yeux remplis d’étoiles, lui aussi. Mais j’ai la ville dans la peau, je le sais depuis l’an dernier, depuis que j'ai foulé le sol de mon enfance à nouveau. 

Puis je m’envole vers Blagnac et Toulouse, ville rose de mes vacances, chaleur orageuse des mois d’août, suffocation. Les circonvolutions de la Garonne, la magie de l’aérospatiale, la place du Capitole, l’accent de Nougaro, le fumet du cassoulet et tous ces clichés si vivants, si présents.

Je ne résiste pas, j’évoque aussi Pointe à Pitre et sa Marina, le Gosier, la plage de sable noir de Trois Rivières, si nerveuse, parfois dangereuse, celle de Grande Anse si belle si blanche, le tit punch et le colombo. Je me laisse aller à la paresse, à la douceur de vivre.  Allongée sur un transat, au bord de la piscine, un verre de planteur à la main, je me prélasse. 

Et je reviens à Paris bien sûr, toujours, encore. D’où que je sois j’y retourne. C’est la capitale, le cœur vivant de Pariscasatoulousepointe-à-pitre, mon pays de cocagne, ma patrie.

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21 janvier 2009 3 21 /01 /janvier /2009 22:17

AEL 05 - Début & fin (Kildar)

Vos textes devront commencer et finir par les phrases suivantes :

Début : La pièce avait un haut plafond victorien, et il y avait une cheminée de marbre, et un avocatier qui poussait sur la fenêtre, et elle était couchée près de moi et dormait, très belle et blondement.


Fin : Elle était étendue là, profondément endormie ; ses errances étaient terminées et les miennes ne faisaient que commencer.


 

 

 La pièce avait un haut plafond victorien, et il y avait une cheminée de marbre, et un avocatier qui poussait sur la fenêtre, et elle était couchée près de moi et dormait, très belle et blondement.

Ca voulait dire quoi blondement ? Je ne savais pas trop au juste. Elle était belle, elle était blonde, du moins je le supposais, et elle dormait. Elle était nue, sa tête reposait sur son bras replié dans le creux de l’oreiller. Je distinguais l’arrête de son nez et une paupière transparente. Le coin de sa bouche et des lèvres fines. Le creux ombragé de la colonne vertébrale, une épaule ronde attrapant le soleil, ce contraste créait le mouvement. Je croyais voir le marbre se soulever en une respiration lente et régulière. Je ne pouvais détacher le regard de ses fesses arrondies et du galbe de ses cuisses. Mes mains avançaient malgré moi, un besoin d’en épouser les courbes. Je dus prendre sur moi, cesser d’inventer des veines sur une peau satinée, presque bleutée. Et pourquoi risquer la désillusion, le contact de la pierre froide, alors que je rêvais d’un corps tiède, abandonné, offert. Amolli par la chaleur du feu de cheminée. 
Ses pieds étaient pris dans le drap du lit, dans un désordre révélateur. J’étais au supplice, elle évoquait tant de souvenirs, de bonheurs, de souffrances. Elle semblait peser de tout son poids sur le matelas couleur d’ivoire. Mes yeux allaient de cette Vénus à la fenêtre où s’étiolait l’avocatier, comme endormi  auprès de sa belle. J’ai pensé m’étendre, moi aussi, me coller au marbre, le réchauffer. La réveiller, la relever, la caler dans le creux de mes bras, lui insuffler de la vie, rechercher des caresses, arracher des promesses.

Et puis j’ai regardé en l’air, un geste de découragement. J’ai cessé de me raconter un décor victorien, c’était le plafond blanc et froid du musée du Louvre. J’étais en admiration devant l’Hermaphrodite de Borghèse. Plus tard, je sortirais dans la froideur d’un après-midi de janvier. Je retrouverais ma vie banale et ordinaire. Elle était étendue là, profondément endormie ; ses errances étaient terminées et les miennes ne faisaient que commencer.


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17 janvier 2009 6 17 /01 /janvier /2009 16:40





AEL 02 - Mots imposés (Faux rêveur)


Les mots à utiliser dans vos textes sont les suivants

Caresse - Fanion - Age - Circuit

Veille - Imbue - Fossé
Mage - Violence - Ignorer

Les noms peuvent être utilisés au singulier ou au pluriel, au masculin ou au féminin. Le verbe peut être conjugué.

 

 

Les livres de Roald Dahl sont très agréables à lire. Ils paraissent faciles à écrire mais ont une rigueur qui fait ressortir le caractère de chacun. La méchanceté humaine et surtout celle des adultes y est souvent ridiculisée et punie. Les enfants sont toujours curieux, intelligents, astucieux. Ils restent des enfants avec des défauts tels que la gourmandise, la vantardise ou le complexe de supériorité. Il leur arrive de faire preuve de violence. Il y a toujours une morale afin que chacun trouve sa place et son rôle dans la société. Je pense particulièrement à « Charlie et la chocolaterie et Sacrées sorcières ».

 

 

 La série des Harry Potter, bien que passionnante et très documentée est le reflet de l’évolution de la société. Il  faut se détacher complètement du réel, ignorer ce qui se passe au dehors et créer son petit monde virtuel, comme dans les jeux sur internet, quand chacun arbore son fanion pour entrer dans une guilde et parcourir un circuit. Il y a un fossé entre hier, quand les enfants étaient scotchés devant la télé, à l’heure de Pimprenelle et Nicolas et aujourd’hui où ils  sont blasés. Il faut en faire des tonnes pour solliciter leur imaginaire, ce que je trouve dommage. Tout en admirant le travail de recherche de J. K. Rowlings et ses personnages de mages et de sorciers, je préfère les histoires simples qui se déroulent dans des lieux familiers.

Il reste cependant une tranche d’âge un peu moins exigeante, celle des quatre, sept ans, qui reste mon public favori et pour lequel il m’arrive d’inventer des histoires les soirs de veille. Très jeunes, ces enfants sont aisément captivés. Ils n’exigent que du rire et de l’émotion. Quand je réussis à obtenir cela d’eux, c’est une caresse que  je reçois, si imbue que je sois de ma qualité de conteuse.  Mon registre est celui des sentiments, beaucoup moins celui des époques ou des lieux extraordinaires.

 

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13 janvier 2009 2 13 /01 /janvier /2009 08:49






AEL 01 - Mots imposés (Claire Ogie)


Les mots à utiliser dans vos textes sont les suivants

Diane, dinosaure, appréciable,

évaluation, effeuiller, soif,
plume, palette, brûle-gueule

Les noms peuvent être utilisés au singulier ou au pluriel, le verbe peut être conjugué. Tous les mots doivent être utilisés.

 

 

Ce 10 janvier,

Ma chère Diane,

 

 

Je te remercie pour la délicieuse soirée que nous avons passée samedi dernier. Cette idée d’inviter un de tes amis autrichiens était vraiment géniale. J’ai pu ainsi réaliser une évaluation de mon niveau d’anglais, que ce monsieur pratique aussi bien que sa langue natale, et je crois que je ferais bien de retourner à l’école. Même si malgré ma soif  d’apprendre je passe pour un vieux dinosaure au milieu des gamins d’une classe de troisième.

J’ai adoré l’humour et la politesse de Mario, qui s’interrompait chaque fois qu’en bons français nous lui coupions la parole. Ce fair play est très appréciable, d’autant qu’il déployait à ton égard toute la palette de la séduction. Je ne serai pas surprise qu’un de ces jours il t’invite pour une sortie en tête à tête. D’ici que vous en arriviez à effeuiller les marguerites…

J’ai adoré son rire quand nous avons présenté le chapon décoré de plumes, il nous a demandé si c’était la « french touch », et nous avons répondu mais oui bien sûr. Avant de lui avouer que c’était notre idée à nous. Il est vraiment agréable de rencontrer des gens qui ont envie d’intégrer le pays dans lequel ils sont amenés à résider pour leur travail.

Et quand il s’est mis à réciter l’Albatros de Baudelaire, sans une faute, ni même une hésitation, ce fut un grand moment. Son accent germanique est irrésistible, la manière qu’il avait de prononcer brûleu gueuleu, pour brûle-gueule m’a particulièrement amusée.

 

Je t’avoue que s’il n’avait pas craqué pour toi dès le début, je lui aurais tourné autour. Inutile de te dire que la soirée m’a semblée trop courte. Raconte-moi comment évolue votre relation, si tu ne vois pas en moi une ennemie dorénavant…

 

Je t’embrasse aussi fort que je tiens à notre amitié.
Martine.

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10 janvier 2009 6 10 /01 /janvier /2009 13:48

 

Consigne 12: écriture sur image.








C’était la vue que j’avais depuis sa chambre à l’hôpital, quand je lui rendais visite. Les bateaux sur la Garonne, les  arches des ponts et le quai de Tounis  dans cette lumière ocre et rosée si particulière à Toulouse. Il lui restait sept mois d’une vie déclinante, rythmée par mes visites hebdomadaires. Elle réclamait une description détaillée du dehors à chacun de mes passages. Pour vivre les saisons, pour observer l’horizon. Ainsi elle oubliait que sa vision n’allait pas au-delà des barres métalliques de son lit, qu’elle ne pouvait plus marcher, qu’elle ne savait ni le jour, ni l’heure.

Je n’étais pas toujours d’humeur. Il pleuvait au mois de mars, le ciel était gris, une pellicule blanchâtre recouvrait le fleuve et mon coeur partait en vrille. J’évoquais un soleil tiède et des amoureux blottis dessous. Autant pour moi que pour elle. Elle n’était pas sotte et pas encore tout à fait déconnectée. Elle trouvait bizarre que le ciel charrie de gros nuages gris. Alors je mentais. Ta chambre est à l’ombre je disais, c’est normal, tu ne vois rien. D’ailleurs c’est pour ça que tu me demandes de te décrire. Elle avait un petit rire perdu et recrachait la purée que j’essayais de lui enfourner à tout prix.

En avril et mai, la chaleur entrait dans la chambre et par la fenêtre ouverte, elle entendait des voix, des bruits de pas. Je jurerais qu’elle écoutait glisser les péniches, qu’elle s’imaginait à bord, sur le pont, qu’elle se penchait afin d’apercevoir leur reflet dans l’eau. Car elle plaisantait quand je poussais son chariot à travers les couloirs, en direction des salles de radiothérapie. Elle disait, souquez moussaillon, gardez le cap. Et son petit crâne à la chevelure clairsemée dodelinait gravement.

En juin elle me réclama son livre de comptes. Je veux savoir ce qui me reste, j’espère que tu ne te sers pas au passage, dis moi…. Elle posait un regard vague sur les chiffres, tournait les pages puis refermait le livre. Elle suppliait, dis moi plutôt ce que tu vois sur l’eau, est-ce que tu entends les clapotis. Y a-t-il du monde sur les pelouses, sur les berges ? Je parlais de la couleur de « Garonne », d’un vert tendre obscurcit par des détritus, le long des quais.  J’évoquais le ruban sinueux du fleuve et le calme, l’apaisement que ça déclenchait en moi, de le suivre des yeux. Lentement. Son visage s’éclairait, irradiait.

Juillet et août furent difficiles. Elle dormait beaucoup, avait le sommeil agité. Je remontais ses couvertures sous le menton, replaçais un bras, une jambe qui s’en échappaient. Puis je retournais à la fenêtre, remplissais mes yeux d’images pour les lui restituer à son réveil. Tu vois quoi, c’étaient ses premiers mots. Je parlais du vent, des arbres dont les feuilles luisaient au soleil et posaient des perles dans l’eau comme des bijoux. Alors elle réclamait ses boucles d’oreille, se lassait, demandait sa jupe bleue puis la jaune et se rendormait épuisée.

Septembre fut son dernier mois. Elle avait tout le temps froid, ses jambes la faisaient souffrir atrocement. Elle demanda à voir, de ses yeux. Qu’on lui trouve un fauteuil, qu’on le hausse à la hauteur de la fenêtre ouverte. Qu’on lui passe un manteau, qu’on la couvre d’un châle, qu’on s’exécute. Et je l’ai regardée remplir ses poumons, écarquiller les yeux, lever les mains en les agitant comme pour dire au revoir. Elle s’était tassée soudainement, une péniche s’éloignait au loin. Pensait-elle au long voyage qui l’attendait ?

A son départ, j’ai acheté une carte postale avec un pont, des arches, un bateau filant sur une eau multicolore. J’avais décidé qu’elle l’emporterait avec elle. Je l’ai placée entre ses doigts croisés sur sa poitrine.

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7 janvier 2009 3 07 /01 /janvier /2009 21:50

 

 

 

 

Je l’ai retrouvé grâce à CPAV. Un site internet du style, ça peut aller pour vous.  On y retrouve des copains qu’on a connus avant et quand on se compare on se dit que ça peut aller. Pour soi. Mais lui c’était mon instituteur du CM2. J’avais un très bon souvenir de lui et  de l’ambiance qu’il établissait dans sa classe. Un peu comme on garde en bouche le goût des piroulis et des barbes à papa. Un mélange de nostalgie et d’insouciance. De respect et d’admiration.

Il a surgi de l’écran à l’instant où je consultais sa page. Il s’est assis à côté de moi sur le canapé et a refermé le portable que je tenais sur mes genoux. Il s’est mis à tourner dans la pièce et m’a tirée par le bras. M’a forcée à m’asseoir à la table et m’a tendu une feuille, un porte-plumes et un encrier. Dictée, problème et sciences naturelles, il a dit. Applique-toi, pas de pâté, et sèche bien l’encre avec ton buvard. Tu as une heure, je ne veux pas t’entendre. Alors je l’ai regardé, j’ai fixé ses cheveux blancs et ses rides. Il se tenait un peu voûté mais était encore alerte, bien campé sur ses jambes. Quand il a  ouvert la bouche de nouveau pour m’intimer de tracer des traits droits et à la règle, j’ai fixé ses lèvres, ses cheveux sont redevenus noirs, fournis, les traits de son visage étaient lissés, et sa silhouette s’était mystérieusement redressée. Il m’a pincée l’oreille comme  il le faisait quand un élève copiait sur son voisin. J’avais dix ans, trente huit années de ma vie étaient envolées. J’ai eu peur, j’ai cliqué sur le carré rouge en haut en droite de l’écran. Mr R. s’est évanoui comme le vizir de la lampe.

 

Ma deuxième consultation ne s’est pas passée exactement comme la première. J’ai regardé la photo de Mr R., celle d’aujourd’hui. Qu'il avait placée dans le cadre à gauche sur sa page. Il souriait, un livre à la main, il avait une boucle minuscule à l’oreille. Ca lui donnait un air papy cool à la Hugues Aufray. Je ne l’avais pas remarquée auparavant. Je n’arrivais pas à  détacher le regard de cet anneau brillant. Et il est reparu dans mon salon, l’instit. Il m’a aidé à le connaître, à découvrir ses amis, ses passions d’aujourd’hui, ses rêves de voyages. Alors j’ai vu l’homme, le jeune, le vieux. Ils se confondaient, se recouvraient, réconciliés. Ils me souriaient.

Au départ, j’avais revêtu d’instinct le costume de l’enfant que j’étais, la gamine soumise au passé.
Assise à côté d’un homme en paix avec lui-même, j'ai réalisé combien mon équilibre est fragile, précaire. Je suis retournée sur ma page d’accueil et à la rubrique : votre vie personnelle et familiale, j’ai inscrit : je ne souhaite pas répondre.

 

  

 

 

 

Cet exercice répondait à la consigne 35

 

 

A l'heure où internet prend de plus en plus de place dans notre vie, ce que l'on nommait avant le "virtuel" est devenu réalité tangible pour beaucoup, au point que l'on ne sait plus trop où est la frontière.

 

Et si dans le cadre de ce nouvel exercice, vous mettiez en vedette au travers d'un texte de fiction (mais ce n'est pas une obligation que ce soit totalement fiction) cette frontière ténue ? Placez votre / vos personnage(s) un pied de chaque côté, forcez le(s) à s'interroger et à choisir une définition, et donc une façon d'agir... qui n'a pas besoin d'être "La Bonne Solution", ni même d'être logique.

 

N'hésitez pas à pousser le délire, le suspense, les rebondissements, autant que vous le voudrez. Cet exercice n'est après tout que du virtuel... quoi que…

 

 

 

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4 janvier 2009 7 04 /01 /janvier /2009 17:44

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C’est le tournant de 2009. Cette année-là s’enroule sur elle-même comme un virage sur une route de campagne. J’ai envie de jouer les Madame Irma, de lire dans ma boule de cristal et de décrire ce qui s’y reflète. Je vois de la lumière, un orange teinté de pourpre, comme si l’année plongeait dans un bain de douceur. Et je marche, c’est un chemin  sinueux. Je longe le marquage au sol, mes pieds se couvrent de rosée. J’ai le pas tranquille et les bruits de la forêt, le chant des oiseaux, le murmure du vent m’engourdissent. Je n’ose pas m’aventurer sur la route, dans sa clarté. Elle semble inoffensive, pas une voiture, pas un vélo à l’horizon. Et pourtant, j’y vois une menace.

C’est un trait de votre caractère dirait Madame Irma. Rester à l’écart, refuser les honneurs. Mais cette fois c’est imminent, il va se produire quelque chose, un évènement, une rencontre, il ne faudra pas fuir. Marchez  sur le goudron, en plein milieu. Attendez, ne partez pas, ça se précise. Derrière les arbres… Non, vous avancez, je ne distingue plus que votre silhouette dans l’ombre. Vous claudiquez, c’est un caillou dans votre chaussure, alors vous vous arrêtez. Vous massez votre pied endolori, frottez votre chaussure contre le tronc d’un arbre pour en ôter la terre. Puis vous vous dirigez au centre de la route, là où une traînée brune obscurcit le sol. Vous n’avez pas peur et vous bombez le torse. Vous tendez les bras à la tiédeur du petit matin. Et vous vous effacez au détour du chemin. Non ça n’est pas ce que je vois. Vous vous envolez… C’est votre année je vous dis, un grand bonheur vous attend.

 

C’est ça, c’est ça, je peux en dire autant et au moins la consultation sera gratuite. Allez, une image, un peu d’invention et hop, un pigeon de

grugé !

 

Cet exercice répondait à la consigne 41

Une route qui sillonne au milieu de la nature, le soleil qui profite d'une trouée pour dispenser une lumière irréelle... et un virage. A votre avis, que découvrira le curieux au détour de celui-ci ? Cette question, vous aurez l'opportunité d'y répondre ou non (à votre convenance) dans cet exercice, en vous inspirant de l'image, du titre (Virage)... et pour le reste, en totale liberté :-)

 

 

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2 janvier 2009 5 02 /01 /janvier /2009 17:29

Consigne 51

Parmi les 25 mots suivants, il vous est demandé d'en retenir au moins 15 (idéalement tous) pour écrire un texte. Prose ou poésie, fiction ou réflexion personnelle, court ou long, rien ne vous est imposé de plus que les mots.

documents, encre, 30 degrés, huile, plongeoir
gris(e), feuille, stylet, perle, soupir
saveur, connaître, maître, réception, anglais
fée, prune, rouge, fusil, éloigner,
danser, lumière, soleil, décennie, ronronnement

 




 




Si mon blog porte son nom c’est parce que ses nouvelles m’ont plu dès la première lecture. Je la considère comme une fée de la nouvelle. Ses textes sont courts et ce n’est pas vraiment l’intrigue qui les nourrit mais le soleil, la lumière, de son île la Nouvelle Zélande. Née en 1888, morte en 1923, et enterrée en France à Avon, elle a su faire danser les mots à travers les pages. Il y a des émois, des soupirs, les sentiments éclosent par trente degrés et s’épanouissent comme des plantes. La plus célèbre de ses descriptions est celle de l’Aloès; elle en  décrit les feuilles et les nervures avec une minutie désuète, aujourd’hui on dirait que c’est d’un ennui mortel, voire chiant… Peut-être…

Eh bien non, il faut dépasser ça, Katherine Mansfield était une femme libre, indépendante, bouillonnante comme l’huile sur le feu, en dépit d’une fragilité physique. Elle refusa le ronronnement d’une vie classique. Elle s’éloigna du cocon familial et parvint sur le sol anglais  durant la première guerre mondiale puis en France. Elle  décrivit l’horreur dans les trains bondés de soldats portant fusil, allant au front ou y retournant, les chansons paillardes dans les auberges, la peur, l’espoir, et tout ce rouge, sur les nappes à carreaux, sur les terres encore fumantes.

Amie de Virginia Woolf qui admirait son écriture, elle fréquenta le cercle littéraire de Bloomsbury, eut quelques aventures féminines. Son mode de vie trop moderne pour l’époque pouvait choquer mais pendant plus d’une décennie, elle décrivit les mœurs d’une Pension Allemande, décrypta les débuts de l’amour ou son effilochement, évoqua les diversités sociales  en prenant pour cadre une réception ou Garden Party, dans l’un de ses récits.

On ne peut pas parler de Katherine Mansfield sans raconter la mer, l’Océan Pacifique qui baigne son île et dont elle magnifia les reflets gris à midi, la couleur prune, au soleil couchant, et l’opacité d’encre marine à la nuit tombée.

 

C’est la tuberculose qui eut raison d’elle à l’âge de trente cinq ans. Mais son œuvre courte et ses lettres sont autant de documents à découvrir pour écouter sa petite chanson. Tout comme on entend la mer en écoutant les coquillages.

 

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