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26 novembre 2012 1 26 /11 /novembre /2012 10:00

 

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Si les bords de mer se ressemblent un peu tous, c’est en les surplombant qu’on s’aperçoit qu’ils ont l’air de grandes bouches ouvertes pour happer les estivants comme des aliments. Les baigneurs arrivent, tous mouillés de la mer, comme avalés avec un grand verre d’eau et vont s’abattre sur la langue râpeuse de sable blanc.  Ils s’y attardent comme des bonbons qu’on prend le temps de laisser fondre afin de laisser le palais s’imprégner de leur goût de sel et d’huile, en les retournant, d’un côté, de l’autre. Et quand enfin, caramélisés à point, ils décident de rentrer chez eux, à l’hôtel ou au camping, ils se dissolvent derrière un dédale d’immeubles plus ou moins gracieux alignés ainsi que les incisives déchiqueteuses d’une mâchoire de carte postale. Ici, à Péniscola en Espagne, le soleil, les palmiers, les fontaines, les petits bars en bordure, apportent la détente et l’insouciance et font oublier que la plage est une louve. On s’y amasse, on s’y précipite, et quand viennent les journées froides de l’hiver, on se surprend à attendre avec impatience, le moment de se jeter dans sa gueule.

 

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24 novembre 2012 6 24 /11 /novembre /2012 10:00

 

Le casse-tête proposé par Sherry cette semaine est : Fenêtre

 

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Comme dans la plupart des châteaux immenses, superbement décorés et froids, les vieux murs laissent passer le soleil par de nombreuses ouvertures dans les profondeurs de sa chair comme il permet aux visiteurs d’entrer par le pont, autrefois pont-levis. Il échappe ainsi à l’oubli, dépoussière les meubles entreposés par des générations de châtelains et de donateurs, chasse l’odeur de renfermé et de moisi qui imprègnent rapidement tentures et broderies. Ici chacun se pâme dans la chambre de Mme de Maintenon, son antichambre, son oratoire, ou dans la salle de billard aménagée au XIXème siècle. Et ce château, un peu fier, un peu prétentieux s’enorgueillit de tels hommages.

 

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Il ouvre grand ses yeux  à facettes multiples, sur le monde. Il lui faut un cadre ordonné, rassurant, des allées entretenues et géométriques conçues par Le Nôtre, à la française, bordées d’arbres, les arceaux de pierre d’un aqueduc aménagé par Louis XIV pour ne pas heurter son regard un peu vague d’ancêtre, un canal de fraîcheur afin d’y baigner ses fondations, brûlantes l’été. Et lorsqu’au loin, il entend des pas crisser sur le gravier et observe la foule  qui s’extasie sur sa beauté, sa majesté, l’éclat métallique de son donjon, il laisse s’écouler des larmes de joie le long des vitres enchâssées dans  ses murs épais.

 

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22 novembre 2012 4 22 /11 /novembre /2012 08:00

 

Pour répondre au défi 90 lancé par Suzâme dans les jeudis en poésie, dont le thème est : les oiseaux.

 

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Comme il est difficile de bien tenir son rang

Dans cette ville connue pour les fables d’un fripon

C’est pourquoi je m’incline devant tous les passants

Et joue de mon œil rond guettant leurs réactions.

 

Car vous savez tous bien, que Monsieur La fontaine

A su moquer  mes plumes, et ma voix, mon ramage

Cru faire de cette farce, un récit, un poème

Depuis, moi et les miens en subissons l’outrage

 

C’est que je suis  très fier de surplomber la Marne

Et de vous accueillir dans mon  Château Thierry

De relever le col, en moi se réincarne

Aujourd’hui mon ancêtre, je suis là, comme  lui.

 

On n’a pas réussi à m’ôter l’élégance

La distinction innée qui sied à mon costume

Et de mes noirs envols, la grâce et  la prestance

Dans  le bec, un fromage n’est pas de mes coutumes.

 

 

 

 

 

 

 

 

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20 novembre 2012 2 20 /11 /novembre /2012 10:00

 

C’est d’abord prendre la route en automne avec le sentiment de rouler dans le soleil tant les bas côtés débordent de lumière. C’est découvrir des champs de betteraves, de maïs, des terres noires et retournées, des étendues vertes et herbeuses. Traverser les villes et villages de l’Aisne, un samedi soir de novembre c’est pénétrer l’univers de  Matisse, originaire du Cateau Cambrésis.

 

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Des rues centrales soufflées par le vent et la pluie, quelques commerçants, des églises, des voitures garées tout autour. Un ciel bas et gris fondu dans l’ardoise des toits. Des maisons glacées aux murs de brique rouge. Des rues  vides, des affiches  « à vendre »,  placardées devant de magnifiques bâtisses qu’on s’arracherait à prix d’or, ailleurs. Une architecture géométrique, lignes, pointes, parallèles, on se heurte aux angles, la pierre est rugueuse.  En cette saison, le manque d’arrondis, de courbes, agresse le regard. On découvre les estaminets, on apprécie la bière, les frites et le maroilles, tout ce qui colle au corps, facilite les échanges et ramollit les cœurs.  

 

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A Maroilles, j’ai compris que manger n’est pas le seul moyen de réchauffer les âmes. Le soleil déclinait à la sortie de la ville, sur le vieux moulin dont les briques mangées de pierres neuves et ternes, roussissaient. J’entendais l’eau  mousser à ses pieds, je restais là interdite car vivre c’était observer des pierres, écouter de l’eau, attendre.

 

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Derrière moi, les arbres attrapaient le soleil, le temps de se poudrer le nez et de se parer pour la nuit.

 

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18 novembre 2012 7 18 /11 /novembre /2012 10:00

 

Sherry m’a tendu la perche du flou artistique, alors j’ai tout de suite pensé à cette classe de collégiens rencontrée au Musée D’Art Moderne de Paris, tandis que je découvrais l’exposition «  L’art en guerre ».  Aller à la rencontre d’artistes dont la guerre n’a pas réussi à stopper le génie créateur n’était pas obligatoirement leur tasse de thé. Les notions d’occupant, d’exécution, d’emprisonnement paraissent aussi vagues que celle de symbolisme ou de surréalisme. De grands noms tels que Ersnt, Dali, Picasso, Matisse leurs disaient quelque chose.

 

Matisse jazz 

Matisse, Jazz

 

Car la folie, la magie, les singularités de chacun sont connues au-delà du thème de la guerre. Mais un ado s’ennuie vite, il gesticule, s’éloigne du groupe, ricane, observe les autres visiteurs, se moque, fait semblant de prendre des notes mais griffonne en réalité. La tête à Toto est source d’inspiration. Ou alors il s’assied, superbement fatigué, sur le siège d’un employé du musée et se fait vertement rappeler à l’ordre. Quant au cinéma des années quarante, en noir et blanc, « Le Corbeau », « Les enfants du paradis, bof ! Flou tout ça, très flou.

Et que penser d’un tableau tel que celui-ci :

 

Fautrier

Jean Fautrier, La Juive

 

J’avoue avoir eu beaucoup de mal à interpréter et à comprendre moi aussi. Heureusement, j’ai eu l’agréable surprise de découvrir de magnifiques peintures naïves de l’alsacien Joseph Steib.

 

Steib


Le miracle s’est produit en fin d’exposition quand ces jeunes se sont frottés à d’autres jeunes comme Guy Moquet dont le portrait leur renvoyait leur jeunesse.

 

Guy Moquet

 

Quand ils ont regardé des dessins croqués sur des feuilles de papier qui, même jaunies, étaient quasiment les feuilles de leurs carnets. Quand ils se  sont postés devant un tableau de Charlotte Salomon en gloussant qu’ils auraient pu « faire pareil ». Et qu’ils ont pris le temps de lire le texte.

 

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Ce fut l’unique moment où je ai les vus se grouper autour du guide comme des mouches. Ils étaient pourtant fourbus. Mais en sortant du Musée, la deuxième guerre mondiale n’était plus aussi floue à leurs yeux.

 

 

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10 novembre 2012 6 10 /11 /novembre /2012 10:00

 

 

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En pause pour une semaine, mais un dernier article en attendant!

 

 

 

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Au large de la pointe, planté dans le canal

Tu exposes tes facettes à la douceur du vent

Ton tranchant émeraude, sur une mer étale,

Défiant  les embruns, a l’éclat du Diamant

 

 

 

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Volant à la topaze, sa couleur, ses nuances

Vous avez oublié d’accrocher sa brillance

Ainsi fixées, tressées pas même dépareillées

Vous auriez figuré le plus beau des colliers

 

 

 

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Tel un peigne espagnol ciselé dans l’écaille

Il orne les massifs aux feuilles tanguant  au vent,

 Aux mèches duveteuses, aux limbes couleur d’argent ;

Et déroule au soleil son splendide éventail

 

 

 

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8 novembre 2012 4 08 /11 /novembre /2012 08:00

 

Défi 89 chez Enriqueta pour les jeudis en poésie: Au pied de mon arbre

 

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Cet arbre-là n’a pas de pied,  j’ai oublié

Qu’on peut, tête relevée, croire en l’avenir

Contre son tronc adossé, des châteaux bâtir

Je n’ose pas m’installer, jambes dépliées

 

Impossible d’assembler idées et pensées

Sous ce plafond torturé, griffé, malmené

Où des bras entremêlés fixent le passé

Impossible de m’endormir et de rêvasser

 

Je ne crois pas aux  baisers, aux paroles données

Sous un feuillage irréel et percé à jours    

                            Une voûte  entrelacée et croquant l’amour 

 Tel un serpent sinueux aux nœuds ronds, serrés

 

Pourtant tout là-haut, je sais que la vie est belle

Un vent d’été, tiède et doux souffle sous les ailes

Gonfle les poitrails, et affole les hirondelles

Qui charmées, s’enroulent autour des branches rebelles

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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7 novembre 2012 3 07 /11 /novembre /2012 10:00

 

Pour les textoésies de Suzâme : miroir, envers ou endroit; inspiré de ma visite à la maison de l’Amant de Marguerite Duras à Sadec, Vietnam.

 

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On dit qu’elle n’a pas connu l’endroit à Sadec

C’est  pourtant elle qu'on vient chercher et qu'on dissèque

L’amant y installa sa famille ; des photos

Dans des cadres sur les murs, se répondent en écho

 

C’est un jeu de pouvoir, elle est là, on la guette

Et lui avec les siens dans leurs habits de fête

Ils se narguent, ils s’auscultent, ne parlent pas d’amour

Liés par le passé, ils se blessent toujours

 

Derrière leur histoire c’est toute une société

Qui feint de s’émouvoir que puissent se désirer

La femme dans le miroir,  cet homme distingué

Et veut obstinément, de force, les séparer

 

Campé devant la  glace, dans la demeure classée

Il est jubilatoire de se photographier

En un reflet tremblé, tenter d’apercevoir

La femme vénérée,   cet homme dans le miroir

 

 

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5 novembre 2012 1 05 /11 /novembre /2012 08:00

 

Chez Enriqueta le défi est : c'est un petit lieu qui ne paie pas de mine, banc public, ruelle, place, arrêt de bus… un endroit qui ne vaut pas le détour sauf pour vous. Décrivez ce lieu et racontez pourquoi, il vous plaît ou déplaît tant.

 

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C’est un réverbère pour moi, à Beaulieu sur Dordogne où nous avions passé nos premières vacances en amoureux, avec mon mari. L’été,  Beaulieu est une fourmilière : un terrain de camping à la sortie de la ville, des vacanciers  agglutinés autour de la Dordogne qu’ils traversent en pédalo, ou éparpillés dans les  nombreux bars. Le soir lorsqu’on s’assied sur le banc, dans la douceur des nuits d’août et sous le double halo de la lune et du réverbère, l’eau a une odeur de terre grasse et fertile.  Les générations s’entrecroisent à l’heure de la promenade, les accents de France se marient, quoique saupoudrés de flegme britannique. De là on aperçoit les silhouettes des maisons. Les pierres racontent des histoires du terroir, que les chats de la ville se transmettent le jour, en les écoutant, quand les briques brûlent sous le poil, au soleil. On se représente les rues étroites où il fait bon se perdre lorsque sonne le carillon de l’église, que le  vent soulève le lierre plaqué aux murs centenaires. Tout près, se tiennent de petits restaurants gastronomiques aux terrasses donnant sur la Dordogne. Des pensions de famille aux menus pantagruéliques où le confit de canard se marie aux pommes de terre et où les noix sont reines.  Il est agréable de s’imprégner du pays qui s’ouvre au monde et rajeunit  le temps d’une saison, comme pour s’aérer. Comme on déplie le journal et lit les nouvelles, se tient au courant de la vie, ailleurs. Un journal que Beaulieu referme ensuite afin de poursuivre un chemin de rocaille façonné par les siècles.

 

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Depuis nous retournons souvent à Beaulieu où notre jeunesse s’est accrochée aux murs, aux pavés, aux berges de la Dordogne. Au réverbère. Au printemps la nature est  verdoyante, moussue, les odeurs d’herbe mouillée montent du sol. Les tuiles des maisons luisent au loin comme vernies. La Dordogne  qui s’ébroue au sortir de l’hiver est glacée, et galope comme un jeune chien, la gueule baveuse. Ses berges désertées avides de sensations, bruissent de plaisir sous les pas des premiers touristes. A cet endroit, entre le banc et le réverbère, on entend sans les voir, les chutes et la rage qui les accompagne. Ce bruit sourd, incessant est celui de notre jeunesse qui rue. Mais si l’on se retourne, le regard porte sur la montagne paisible, incontournable, signe du temps qui vient. Celui des jours denses et précieux que savourent ceux qui ont déjà vécu une bonne part d’existence.  

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3 novembre 2012 6 03 /11 /novembre /2012 10:00

 

Le casse tête cette semaine chez Sherry est: expressions animalières

 

 

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Je suppose que vous les avez toutes nommées, alors j’ai décidé de ne pas les évoquer. Mais comment relever ce casse-tête alors ? En parlant d’animaux malgré tout. J’ai choisi les biquettes qui squattent dans le jardin mitoyen de celui de mon beau-père dans l'Oise. Elles sont arrivées là un jour que les voisins parisiens avaient décidé de jouer les fermiers. Un paysan leur  avait offert une paire de biquettes « domino ». En omettant de dire que la plus claire attendait des petits. Voilà nos parisiens ravis, ils construisent un enclos dans leur jardin, et mon beau-père fouineur repère le petit ventre rond de la demoiselle. Mais il se tait car les parisiens sont un peu snobs c’est bien connus. Ils lui auraient répondu de se mêler de ses affaires. Alors motus….

Il joue l’étonné quand les petiotes arrivent et plaint ses gentils voisins  de tout cœur. Bien sûr, sans vouloir jouer les Cosette la suite est prévisible. Les biquettes,  les bêlements incessants, les galopades telles qu’il devient indispensable d’agrandir l’enclos, tout ce tintouin c’est rigolo deux minutes. L’enclos est vite tondu par la petite famille et on oublie de la nourrir ensuite. La petite chèvre noire devient jalouse de la jeune maman fiérote. Tout le monde a faim et les bêlements redoublent.

Mon beau-père se faufile en douce dans l’enclos et y dépose quelques salades de son carré, des carottes aussi. Quand il arrive, l’accueil est triomphal, tintement de clochette, sérénade, petits galops précipités, mouvements de barbiches. Joie, bonheur, félicité ! Avec les voisins c’est l’entente cordiale à présent qu’ils sont déchargés d’un fardeau. Vous vous en doutiez ? D’ici peu, allez, un mois, deux mois ?  les biquettes auront changé de propriétaire. Gratuitement, à n'en pas douter. Et puis franchement, elles sont mignonnes, et les nourrir  ne casse pas trois jambes à un humain !

 

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